24 avril 2012

Casamance suite

Nous quittons Ziguinchor le 3 avril pour remonter la Casamance. Dans la montante pour Zinguinchor, on peut compter 4 heures de marée de plus. Mais dans l'autre sens, la descendante est plus courte. Nous prenons un bolon sur la rive sud avant la pointe Saint-Georges et atteignons Djiromaït.

Djiromaït
Djiromaït est composé de quatre quartiers séparés de rizières sur le bord du bolon. Le dernier quartier est le plus ancien. Boubacar le pêcheur nous envoie poser l'ancre dans un petit bolon derrière ce quartier. Près de Djiromaït, un hôtel immense a été construit par un sénégalais qui aurait profité de faveur pécuniaires d'Abdou Diouf. Mais l'idée était en fait de construire un maison de retraite pour les vieux jours de riches japonais. Les anciens ont refusé, ce n'est pas possible de bâtir un mouroir au Sénégal. Finalement, la rive a été déforestée, l'eau du bolon est montée, les cases sur la rive ont été inondées, l'hôtel est vide.
Boubacar nous offre du poisson, et nous lui achetons des crevettes fraîchement pêchées la nuit.




Les dauphins viennent saluer. Ils restent longtemps sous l'eau, qui, très trouble, ne permet pas de voir leur direction. Puis ils repartent chasser dans les entrées de bolons.
Ehidj
Passé la pointe Saint-Georges, on repasse devant Elinkine, jusque Ehidj. Le village est sur une petite élévation de terre, entouré de cocotiers. Après les démonstrations de pêche de Simon à Djiromaït, Sylvain confectionne une petite ligne avec deux hameçons, des petits bouts de crevettes: 3 poissons chats et une petit lotte, le bolon est plein de poissons. Le poisson chat fait des sons quand on le sort de l'eau. Il faut savoir le prendre car ses dorsales sont comme des harpons qu'on ne peut que difficilement retirer s'il les plante dans la peau. Nous cherchons des pêcheurs qui puissent nous indiquer comment remonter au plus près de Djembering pour aller au festival des rizières. Au village, nous ne rencontrons que des femmes et des enfants. Les hommes sont en mer à la pêche, en brousse à la récolte du vin de palme. Les filles sont occupées à leur coiffure, tresses stylisées ou classiques, Pâques approche et tous se préparent pour cette fête importante dans les villages catholiques. Les chrétiens au Sénégal ont gardés en même temps la croyance des fétiches. Ils sont initiés au bois sacré. En arrivant à Ehidj, on sait vite qu'on est dans un village catholique, au nombre de cochons élevés.
Katakalousse - Djembering
Les femmes nous conseillent tout de même de nous rendre à Katakalousse, près du pont, où on peut trouver des bus et taxi brousse pour aller à Cap Skirring, et de là à Djembering. Allez en voiture!

A Cap Skirring, l'aéroport, les plages ont permis un développement du tourisme et une concentration d'hôtel. Pas grand chose à y voir, on continue vers Djembering et on arrive pour le début des combats de lutte. Tout d'abord, les lutteurs se réunissent pour danser et chanter, avec démonstration de force.


Tout le village est assis sous les fromagers et autour de la piste pour les combats. Les tout petit luttent aussi, et les gars, jusqu'au mariage. Après fiançailles, les hommes cessent de lutter. La lutte est aussi un moyen de montrer son habilité auprès de femmes, qui font bien sûr partie du public.






Ourong
A Katakalousse, nous discutons avec Yamar, qui est jardinier dans un hôtel. Il nous invite au mariage dans sa famille, à Ourong. Son frère, de religion musulmane, se marie à une catholique. Avant le mariage, la famille offre du vin de palme à la famille catholique, signe de demande en mariage. Commencent alors les négociations de la dote, et on fixe la date du mariage. La fiancée quitte la maison familiale pour avancer pas à pas, très lentement vers la maison de la famille du mari, où elle va vivre. Cette procession dure toute la nuit ( même pour quelques 500 mètres). Elle est remise à son mari, sa virginité est vérifiée au drap blanc ( ou pas... la tradition se perd!). Puis la mariée doit laver le linge avec la soeur du mari. Si la femme lave plus vite, elle aura des filles (préférable pour la femme et l'aider dans les tâches quotidiennes). Si la soeur du mari lave plus vite, elle aura des garçons (préférable pour l'homme et le travail).


Enfin, le village se réunit. Les femmes sont habillées de leur plus beau boubou. Pour les premières danses, elles ont des tenues de même tissu, pour reconnaître les quartiers ou les familles. Elles tapent sur de petits bouts de bois pour accompagner les joueur de tam tam. Un saxophoniste suit les femmes, reproduit les airs des chansons qu'elles entonnent pendant des heures.
Les chants et les danses sont tout d'abord assez lents, puis le rythme s'accélère. Chaque femme vient dans le cercle.


Et le lendemain, des nouvelles fiançailles, on remet ça...








La fiancée est émue, surtout quand les gens du village apporte des paniers, pour signifier qu'elle vend bien le poisson de son père à la ville d'Oussouye, et des ustensiles de cuisine pour la féliciter de ses talents de cuisinière.


et même les bébés dansent sur le dos quand la mère ne tient plus et va frénétiquement remuer tout son corps avec conviction. 
Nous quittons Ourong qui fait encore sonner le tam tam pour retourner dans le fleuve, jusque Nioumoune. Au niveau d'Elinkine, nous passons devant la police maritime, qui nous fait de grands gestes que nous prenons pour des salutations. Nous saluons de même et continuons notre chemin. Un peu plus loin, au niveau de Karabane, un petit bateau à moteur nous rejoint avec trois hommes et kalachnikov, quelque peu énervés: "les papiers! passeport! le commandant veut vous voir!". Bref, nous retournons à Elinkine voir le commandant. "J'ai failli vous tirer dessus! Vous avez frodé, là. Moi je vais vous garder ici la nuit, nous alons fouiller le bateau! La prochaine fois que vous passez, là, je vous le dis, je vous tire dessus." Bon, ça s'arrange, on ne savait pas qu'il fallait s'arrêter, on dira aux autres voiliers de s'arrêter. ça part à la rigolade et nous laisse aller. En fait, le bolon au sud d'Elinkine est la route de la Guinée-Bissau, grosse plaque tournante du trafic de drogue. Toutes les pirogues se présentent avec leur cahier de circulation au poste de la police maritime. 

Nioumoune - Eringa
Finalement Nioumoune. Beaucoup de voiliers en parlent, certains sont restés ici plusieurs mois, voir plus. Tout y est paisible et Touva se glisse dans le décor. Les habitants sont habitués au toubab marin et sont ravis de voir un voilier arriver; l'espèce se fait de plus en plus rare. On achète des cocos à Adrien, le récolteur de vin de palme, qui fait tout les jours une heure de marche pour aller grimper aux palmiers, puis une autre heure retour. Il faut changer régulièrement de palmier ronnier pour récolter. On taille dans le tronc pour récolter la sève. Ces entailles permettent au palmier de grandir. Ce vin se garde à peine quelques jours. On mélange le frais avec celui de la veille. On en offre au mariage, au baptême, pour remercier quelqu'un de ses services, aux funérailles... Les habitants de Nioumoune se préparent pour la saison des pluies. Les toits de paille seront changés avant juillet et les femmes partent moissonner.

Justin va embarquer avec nous pour nous mener jusqu'au campement de Eringa, chez Yves et Soso. Eringa veut dire débarquement. C'est l'endroit où les pirogues viennent décharger pour le village de Haer, qui se trouve à une demi-heure de marche du bolon, à travers la brousse, la savane, les rizières. Le coin est rempli d'oiseaux. Une majorité des espèces recensée sur la Casamance est présente dans un rayon de 500 mètres autour d'Eringa. Il y a des bancs de sables à l'entrée du bolon mais avec les traces ou accompagné, ça passe. Sinon, sur les cartes électronique, le bolon n'est même pas indiqué!



touraco gris

guépier à gorge blanche
 Retour à Elinkine
 Et le temps passe au Sénégal, mais nous cogitons à la suite du parcours. Pour des questions de logistique, d'autorisation ici au Sénégal ou sur la suite du parcours, et parce que tout le monde dit que c'est très beau, nous décidons de faire cap sur les îles Bijagos en Guinée Bissau. Il nous faut donc faire un visa à Ziguinchor et préparer le bateau. Nous reviendrons le laisser au Sénégal cet été pour faire un tour en France. Nous pourrons donc prendre plus de temps au Cap Vert à l'automne pour une traversée sous les alizés.



route depuis le siné saloum

routes en Casamance et ci-dessous plus détaillées ( on peut les agrandir en cliquant dessus)




 
PS: merci Ludivine pour la photo sous voile...
prochain message après le deuxième tour...

* Voir aussi pdf à télécharger "notes de navigation au Sénégal de Touva" et les traces dans la page "notes et traces"

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