4 février 2013

Transatlantique

 TRANSATLANTIQUE
15 jours et demi pour 2100 miles selon la route orthodromique, mais un peu plus avec les zig-zags, une moyenne de plus de 5,5 noeuds de vitesse, le capitaine n'est pas peu fier! Il faut dire que le vent, la houle et le courant nous ont bien aidé: 20 noeuds de vent de moyenne avec parfois 25 noeuds, une belle houle.

Nous quittons Mindelo le 19 janvier en soirée car l'eau des pontons de Mindelo était jaune et il a fallu batailler toute la journée pour remplir les réservoirs avec de l'eau claire. C'est toujours plus prudent d'avoir un peu d'eau à bord pour une transat, non?...Nous partons avec 300 litres d'eau dont nous ne consommerons même pas la moitié. Ce contre-temps n'est pas des plus confortables car nous devons passer les effets venturies de Sao Vicente et de Sao Antao avec des rafales à 30 noeuds et de grosses vagues à la tombée de la nuit et ne pouvons profiter des beaux paysages de ces îles sur le départ.

La mer, véritable marmite formée par les croisements de vagues du vent avec les houles du large qui contournent les îles et se heurtent aux courants, se range peu à peu pour laisser place à une longue houle de Nord-Est qui porte le bateau au surf et lui fait gagner un ou deux noeuds de vitesse.

Et qui a dit que les alizés, c'est tout droit, une ligne de pêche entre les doigts de pieds et un bouquin dans la main?????
Ce vent, qui s'est maintenu  à 20 noeuds de moyenne sur toute la traversée n'a cessé de tourner Nord-Est, Est, Sud-Est, Est, Nord-Est...La nuit, il forcit et passe au Nord, et le jour, il mollit et passe au Sud. Ce qui oblige à manoeuvrer au moins deux fois par jour, et à modifier nos allures au portant avec foc de brise et génois tangonné en ciseaux, ou grande-voile et génois tangonné en ciseaux: tangonner le génois, dérouler, wincher, enrouler, détangonner, empanner, tangonner, dérouler, wincher et ainsi de suite, c'est bon pour les biscotos! Le vent ne faiblira que les deux derniers jours, à l'approche de Tobago, et nous finissons ces quelques miles sous spi.
 

La nuit, nous faisons des quarts de trois heures, durant lesquels nous dormons aussi par tranches de une demi-heure pour celui qui est de quart. Nous avons l'Ais branché pour prévenir des cargos à l'approche. Atom, notre fier barreur mécanique a mené le bateau à bon port, même avec une mer parfois un peu forte. La lune, pleine en milieu de transatlantique, nous éclaire la nuit, et quand elle se couche, elle laisse place aux ciels étoilés où nous découvrons peu à peu de nouvelles constellations. 
La journée, lectures, cuisine, pain, sieste, réglage des voiles et du cap, points au sextant, un peu de pêche et de bocaux de dorade coryphène, finalement, une transat, ça passe plutôt vite!

Et puis la contemplation des bleus du ciel , des nuages et de la mer, infinie, que d'eau tout de même!!!




Question vie sociale, c'est pas la foule en mer. 5 cargos, un gros voilier dont la grande voile aurait bien ressemblé à celle d'un 60 pied. Un du Vendée Globe qui remontait sur les Sables d'Olonnes? On a aussi parlé sur la VHF avec un voilier fantôme qui nous voyait à 2 miles et allait sur une destination inconnue, mais nous, on ne l'a jamais vu! On a gardé quand même la VHF allumé si jamais.
Et puis, des globicéphales, des milliers de poissons volants, des océanites tous les jours, et 5 phaétons qui venaient pêcher autour du bateau les petits poissons qui nous suivaient sans doute sous la coque.












Nous sommes donc bien arrivés à Charlotteville, sur l'île de Tobago, à l'aube du 4 février, en ramenant avec nous trois oiseaux qui nous ont accompagnés sur les 40 derniers miles, perchés sur le panneau solaire. Nous avons trouvé une côte où la forêt équatoriale borde un rivage aux petites criques et à l'eau claire, des frégates et des pélicans, de joyeuses barques de pêche, une chaleur moite à peine rafraîchie parfois par un grain, des ananas et des noix de cocos, et on vous raconte tout ça bientôt!!!