16 mars 2012

Sénégal - Dakar - Siné Saloum

Traversée El Hierro - Sénégal (Notes et traces c'est ICI)

 La traversée El Hierro-Sénégal se passe avec de bonnes conditions météo. Sous les effets locaux de la dernière île des Canaries, nous quittons le port par 25- 30 noeuds de vent, puis 15- 20 noeuds constants nous poussent vers le Sénégal. Nous arrivons au Sénégal sou spi. Nous avons parcouru 837 miles en 6 jours et demi avec une moyenne de 5,4 noeuds. La traversée passe plutôt vite et nous arrivons bien à gérer le sommeil.


Nous sommes partis par nouvelle lune, les ciels sont bien étoilés et l'eau est très lumineuse avec le plancton. Vers les côtes africaines, une nuit, les étoiles et les feux des bateaux deviennent moins visibles. Le lendemain, en voyant la couleur du pont du bateau, nous nous rendons compte que l'air était chargé de sable rouge du désert.

Au départ de Hierro, nous ne croisons personne, à part des dauphins tachetés de l'Atlantique. En se rapprochant de la côte mauritanienne, nous rencontrons de plus en plus de cargos.

 Nous écoutons le journal de RFI tous les jours à midi heure UTC et le journal Afrique. Les informations sur le Sénégal nous permettent de suivre l'évolution des élections. Des observateurs de l'Union européenne sont arrivésà Dakar pour témoigner de la bonne conduite des suffrages, ainsi que le représentant nigérian de l'Union Africaine qui tente de discuter avec les partis et de calmer les violences. Le 26 février, jour du premier tour des élections présidentielles au Sénégal, nous entendons, en mer, que les élections se sont passées dans le calme. Un peu plus tard, le deuxième tour se confirme, Wade contre Macky Sall. Tous les partis opposants à Wade vont s'allier à Macky Sall pour faire front au président sortant, âgé de 87 ans. Le prochain tour se joue le 25 mars.

Dakar
Au large de Dakar, des odeurs d'encens nous gagnent aussi vite que nous voyons la côte. Vu de la mer, Dakar est  très urbain, moderne, de grands immeubles sur sa face nord. Ce n'est pas du tout l'image que nous nous étions fait de la ville. Une statue monumentale, la « Rennaissance africaine", s'élève sur la pointe du Cap Vert, sur une colline des Mamelles. Puis nous longeons Dakar, Gorée à la nuit tombante, croisons nos premières pirogues et arrivons au mouillage du Club de Voile de Dakar. Autour de nous, nombreux cormorans à cou blanc, des sternes ont trouvé reposoir sur les barres de flèches des voiliers.

Le lendemain, nous débarquons à terre sur la barque jaune du passeur Moussa, aussi mécanicien au CVD. Plusieurs personnes travaillent dans l'association, pour sortir les bateaux au sec avec des chariots sur la plage, plongeur, mécaniciens, voilerie... L'association salarie environ 9 personnes mais fait vivre une centaine de personnes : Fatou (mama lessive), Safi (mama bijoux qui vend aussi des vêtements en wax, des sacs...), Mama Nougat qui vend aussi des arachides grillées, mama légumes, les restaurants d'à côté, l'épicerie....Bref le centre est très vivant, et à la fois calme, ombragé par de grands arbres, et l'ambiance y est très sympa. Il y a peu de voiliers à cette période de l'année, car la saison est déjà passée. On récupère beaucoup d'infos pour circuler au Sénégal, faire les formalités...

Il faut les faire à l'arrivée, et quoiqu'on nous en avait dit ou à ce que l'on avait pu lire, tout se passe sans aucun souci, sans attente, sans ambigüité. Tout d'abord, la police pour tamponner le passeport, puis les Douanes dans le port pour le passavent, (autorisation de navigation pendant un mois au Sénégal). Enfin, par précaution, il est préférable de demander l'autorisation pour 6 mois dans le centre de Dakar, près de la place de l'Indépendance. Les taxes douanières sont de 5000 FCFA (9 euros environ, 1 euro vaut 650 FCFA). Pour l'autorisation de 6 mois, il faut attendre deux semaines, mais une personne du CVD nous l'enverra à Ziguinchor.




 Nous trouvons à faire recharger nos bouteilles de gaz cube viséo de France, ce qui n'avait pas été possible aux Canaries. Très vite on comprend qu'au Sénégal, tout est possible. On peut faire de l'eau potable avec les bidons au CVD. On mange le riz-poisson, Yassa poisson, Tiéboudienne, chez Aida à côté. Sur la plage, des pirogues, des sportifs qui jouent au foot ou s'entraînent pour les combats de lutte.

Un peu plus loin dans le quartier de Hann, au marché au poisson, les pêcheurs vendent aux femmes qui vendent aux acheteurs. On trouve de la lotte, des sardines, des daurades, des soles, des rougets, des crevettes, de gros coquillages, des raies énormes.

La baie de Hann était auparavant, une des plus belles baies du monde, dit-on ici, eau transparente. Elle est maintenant très polluée, les canaux s'écoulent sur la plage, huile de vidange, égouts...Bref pas de bains à Dakar, pas même le pied dans l'eau.



Le centre de Dakar n'est pas particulièrement intéressant. On se vite alpaguer par les vendeurs, ce qui écourte les visites des marchés du centre. A Dakar, tout le monde parle des élections, on se promène avec la radio allumée pour suivre les infos en direct. La traduction de l'affiche c'est " Rien dans les mains, tout dans les poches". Quelques jours après le premier tour, l'affiche a été enlevée.

On fait un tour au marché HLM, marché de tissu. Il se vend par 6 yards sur 2, un peu plus de 6m sur 2, pour faire le boubou entier. Wax et bazin, Wax Sénégal, côte d'Ivoire...












Une journée à Gorée avec la chaloupe. C'est plus simple car le port est tout petit pour mouiller, et c'est rapide, 20 minutes de Dakar. Gorée est très touristique, des vendeurs d'artisanat partout, de tissus, bijoux, peintures sur sable... Nous visitons la Maison des Esclaves, basée dans une ancienne maison où ceux-ci étaient enfermés avant d'être embarqués dans les navires négriers à destination des Antilles. Nombreuses maisons de Gorée étaient construites à cet usage, avec cachots au rez-de-chaussée.



Et on cherche à nous sénégaliser.... mais c'est une bonne idée, les tresses africaines, en bateau, c'est pratique, moins de consommation d'eau, moins chaud à la tête. Les températures montent au Sénégal. C'est le début de l'été, fin de la saison sèche. L'après-midi, il fait 40°C


Siné-Saloum
 Après une semaine à Dakar, nous partons nuit tombée pour le Siné Saloum. Nous préférons naviguer de nuit au large de Dakar pour arriver de jour à hauteur du gros port de pêche Mbour, vrai champ de casiers,  et pour la passe de Djifère. L'entrée dans le Siné Saloum se fait à ce niveau, à travers les bancs de sable, blancs d'écume.

Nous suivons le Siné Saloum jusqu'au bolon de Ndangane, et essayons de monter vers le village de Mar Lodj. On se plante pour la première fois sur un banc de sable. Il faut bien prendre les coudes des bolons par leur extérieur, suivre les pêcheurs, regarder son sondeur. Il y a peu de fonds, et déjà on voit que la mangrove est un environnement très riche pour la faune, les poissons, les oiseaux. Les rives sont toutes de palétuviers, arbres qui poussent au-dessus de l'eau. Ils y plongent leurs racines aériennes couvertes de petites huîtres. Nous dormons au mouillage dans le bolon avec la mangrove partout autour. Un pêcheur vient nous proposer de la seiche. On prend. 



Le lendemain, nous arrivons à Mar Lodj, village à religions catholique et musulmane mêlées. Le soir du jour des femmes le 8 mars, on donne la messe à l'église catholique. Elle est pleine de femmes en bambous colorés.


Beaucoup de villages au Sénégal se sont construits autour d'un fromager. (photo de droite). Ici l'arbre est sacré, ce sont trois espèce d'arbres qui se rejoignent en un seul arbre.
On sent que le tourisme est présent à Mar Lodj, les femmes vendent de l'artisanat, les guides cherchent à vous faire découvrir le village et l'île, les enfants demandent des cadeaux. On ne s'attarde pas trop à Mar Lodj. Nous restons voir la projection de films dans le village d'un autre bateau, Ouanagogos. Ils voyagent en voilier, proposent des projections de films de sensibilisation de l'Océanium de Dakar. Cette association défend l'environnement, surveille les ressources halieutiques du Sénégal et intervient surtout en Casamance pour enseigner dans les villages le rôle de la mangrove, éviter la déforestation, comment replanter les palétuviers. Nous continuons ensuite dans le fleuve Saloum jusqu'à l'île Ndar, pleine d'oiseaux: flamands roses, pélicans, cormorans, aigrettes qui rentrent par centaines sur l'île à la tombée de la nuit, des martins-pêcheurs pie.

Sous l'île Ndar, on trouve le marigot de Sangako qui permet de rejoindre le Diomboss et de continuer vers le sud par les bolons. Avant le Diomboss, nous touchons à marée haute, génois ouvert. Moteur à fond, nous essayons de faire gîter le bateau, mais trop tard, nous sommes vraiment bien posés. Alors il faut attendre la prochaine marée haute, en pleine nuit. On en profite pour caréner un côté du bateau, vérifier l'hélice qui a été changée à Dakar, débloquer le speedo.... aller à la pêche aux coques. A l'intérieur, avec 40 ° de gîte, le bateau devient très difficilement vivable. La nuit, on fait bouger le bateau par balancement, et ouf on se dégage du banc de sable.


 En descendant vers le Diomboss, les paysages changent un peu, on voit de plus en plus de grands arbres fromagers, baobabs. Le Diomboss est très large et c'est un slalom entre les bancs de sables. Finalement, on mouille encore au milieu des îles, et du bolon. Ici, le mouillage est facile partout, la tenue dans la vase et le sable est très bonne, peu de fonds. Les bolons contrastent vraiment avec la mer, silencieux, calmes, on entend juste les oiseaux, les poissons qui sautent dans l'eau, le moteur d'un pêcheur au loin ou qui passe, pas de vagues, peu de vent.

Après le Diomboss, on trouve un autre bolon, le Bandiala, qui permet de continuer sud à travers la mangrove. Nous nous arrêtons à Toubakouta, village au bord du bolon. On se met au rythme, les ça va ça, ça va bien ça va bien, et ainsi de suite, et les trois thés, le premier amer comme la mort, le deuxième doux comme la vie et la troisième sucré comme l'amour. On apprend à faire le Tiboudiem, on se fait tailler le boubou. Ici aussi, le tourisme est présent, plus luxueux. Le décalage avec le village est un peu choquant, mais ces hôtels donnent du travail ici.

















Et puis, un peu après Toubakouta, nous mouillons devant Sipo, petit village sur le bord du Bandiala. Les enfants nous appellent pour descendre. Et bonne surprise, personne ne nous demande rien, ni d'acheter des souvenirs, pas de cadeaux.... La petite Sana nous fait visiter le village, l'école, le jardin, nous présente au chef du village et à la reine. Celle-ci récolte les noix de cajou que ramassent les enfants dans les arbres (en mangeant les pommes de cajou) pour les griller et les vendre. Le village en est plein, des manguiers, des baobabs, citronniers... Au jardin, chaque famille a son terrain, cultive oignons, tomates, choux, patate.













Quelques autres oiseaux parmi les nombreux que l'on voit ici.

amarante
vanneau éperonné

calao à bec rouge

mouette à tête grise
guépier de perse
Nous sortons du Bandiala avec la marée, à travers les bancs de sables.




Sénégal à suivre, vers la Casamance...

* Voir aussi pdf à télécharger "notes de navigation au Sénégal de Touva" et les traces dans la page "notes et traces"